Dis-nous tout sur toi !
Je m’appelle Nidhal Chemengui, j’ai 34 ans, je suis attachée de presse dans le secteur culturel et doctorante en sociologie. Je vis à Tunis, plus précisément dans la banlieue nord. J’ai deux magnifiques choux : Yaniss, 6 ans et Rita, 2 ans.

Allaiter, une évidence ?
Pour le grand, tout me paraissait flou, j’ai donc enchainé les ateliers, et là j’ai commencé à aimer l’idée d’allaiter. Mais réellement, je ne savais pas comment j’allais m’en sortir. Une fois Yaniss dans mes bras je voulais l’allaiter, je voulais lui donner le sein uniquement. J’avoue que j’ai stressé les quelques jours avant l’accouchement et les premiers jours. J’ai décidé de n’écouter personne sauf lui. J’ai décidé de suivre son rythme.
J’ai eu des moments de fatigue et de doute. À 6 mois j’ai pensé à arrêter parce qu’il commençait à mordre mais au final on a su passer ce cap (non sans peine). Cette conviction a évolué et on a fini par vivre cette aventure pendant 2 ans et 7 mois.
Pour Rita, c’était une évidence dès le départ et j’ai aussi décidé d’essayer le portage avec cette petite crevette. Tout se passe à merveille, aujourd’hui elle a deux ans et nos moments de complicité continuent.

Allaiter, c’est dur ?
Oui c’est dur même si on a tendance à croire que c’est naturel. On y pense quand on accouche, quand on reprend le travail, quand il y a la diversification… il y a eu des hauts et des bas mais sans jamais avoir recours au lait artificiel. J’ai réussi à ignorer les conseils non scientifiques que j’ai reçus, même s’ils partaient d’une bonne intention.

Qu’est-ce que tu ne savais pas avant d’allaiter ?
Avant d’allaiter le grand je ne savais rien du tout de l’allaitement et encore moins les différentes facettes de cet or naturel. Je ne savais pas qu’il servait aussi à guérir les petits bobos, à offrir des anticorps au bébé et surtout toute la complicité qu’il faisait naître entre une maman et son enfant.

Ensemble d'allaitement en molleton beige brodé
Ensemble d'allaitement en molleton beige brodé

Raconte-nous ta journée type de maman allaitante à ses débuts.
À mes débuts, pour mon premier, je dormais au rythme de mon bébé avec beaucoup de repos et d’eau. J’ai pris toutes les tisanes par peur de ne plus avoir de lait. Après, j’ai su avoir mon rythme à moi et mon hygiène à moi. Réveil avec bébé, tétée du matin suivie du petit déjeuner de maman parce que je me réveillais avec une faim de louve. Ensuite, bain bébé et douche pour maman. J’essayais de me reposer dès qu’il dormait du coup je faisais plusieurs siestes dans la journée. Le soir je prenais un bol de bssisa* ou de selou (sorte de bssisa marocaine) ou du zrir** que je mangeais sans culpabilité. Petit à petit on trouve son rythme et on commence à essayer de sortir, faire des promenades, faire les courses, etc…

* Mets traditionnel maghrébin à base de farines de céréales torréfiées et de légumineuses, et dont la préparation diffère selon les régions.
** Crème de sésame très consistante que l’on prépare traditionnellement après une naissance.

Quelles ont été les personnes qui t’ont le plus soutenue dans ton choix d’allaiter ton enfant ?
Mes parents, mon mari et ma pédiatre ont su m’écouter, m’encourager et je partageais tout le temps des informations avec eux sur l’allaitement.

Allaiter et travailler ?
Quand Yaniss a eu 7 mois, on m’a contactée pour un festival. Le rythme d’un festival étant assez dur, j’avoue que j’ai stressé et que chaque matin avec la tétée je pompais le lait avec un tire lait manuel (c’était douloureux et avec du recul je regrette de pas avoir acheté l’électrique). Petit à petit j’ai eu un stock assez conséquent, mais mon bébé a refusé le biberon ! J’en ai essayé plusieurs mais en vain. Même chose pour la petite.
Ce qui m’a un peu sauvée c’est la diversification, qui m’a permis d’avoir 4 h en tout avant de devoir revenir donner le sein et repartir. J’ai déjà emmené ma maman et bébé avec moi au travail pour éviter d’écourter une réunion et avouer que j’allaitais. Parce que oui, on peut te remplacer si tu avoues que tu allaites. De plus, je ne voulais pas être dans une situation dans laquelle je devais expliquer un choix personnel.

Je me rappelle qu’en 2015 pendant les JCC mon bébé avait 7 mois et il y a eu l’attentat à l’avenue Mohamed V. Ma première pensée a été que je devais vite sortir avant que le couvre-feu ne soit proclamé, pour ne pas être bloquée loin de mon bébé. Rien qu’à cette idée, j’ai senti des picotements aux seins. Je n’avais plus qu’une idée en tête : rentrer retrouver mon bébé. Ce soir-là j’ai éclaté en sanglots quand il a pris le sein : j’ai ressenti un énorme soulagement.

Ensemble d'allaitement en molleton beige brodé

Aujourd’hui, personne ne pense à aider ou à faciliter le travail des mamans allaitantes, et la discrimination envers elles est à son apogée. Avec ma fille j’ai su refuser des missions ou dire explicitement que c’était l’heure de la tétée sans avoir peur d’être jugée ou d’avoir à expliquer mon choix. Même si pour la première expérience lactée j’étais plus agressive par rapport à l’allaitement. Avec mon premier bébé j’ai décidé de reprendre la fac et de faire un master de recherche. Mon objectif était de faire un mémoire en son honneur et d’approfondir mes connaissances sur l’allaitement.

Quelles sont les remarques les plus déplacées que l’on t’ait faites concernant ton allaitement ?
J’ai eu des regards, des remarques et des conseils déplacés. J’ai eu droit à « couvre toi c’est pas bien pour ton lait », « tu allaites encore ? » « tu devrais le sevrer »

Y as-tu répondu ?
Pour bébé 1 je donnais des réponses plutôt agressives je l’avoue, mais c’était une manière pour moi de me protéger et de protéger ma bulle. Pour bébé 2 je ne réponds presque plus, ou alors je dis juste qu’elle aura droit au même nombre de mois d’allaitement que son frère.

Si c’était à refaire ?
Ooooh que oui je le referais, je ne changerais rien. Mes deux expériences sont magnifiques et le résultat je le vois chaque jour, une complicité et un amour inconditionnel !

Quel est le meilleur conseil que tu pourrais donner à une maman qui s’embarque dans cette folle et douce aventure ?
Surtout être à l’écoute de son bébé et de son corps et tout ira bien. Accepter aussi des moments de remise en question.

Quelle est ta pièce The Milkyway préférée ?
Eté : La Marinière la mère à boire rouge et blanche.
Hiver : L’Ensemble en molleton Chill mamma.